samedi 24 mai 2014

Bons baisers des Modernes, de la plus belle ville du Monde


Tous les ans, je conseille vivement un livre d'architecture à mes étudiants en leur disant que, s'ils ne doivent lire qu'un seul livre cette année sur l'architecture, cela doit être La politesse des maisons de Bénédicte Chaljub et Renée Gailhoustet.
D'abord pour l'architecte concernée Madame Gailhoustet qui est sans aucun doute aujourd'hui l'une de nos plus grandes architectes mais aussi pour la qualité critique et éditoriale de Bénédicte Chaljub qui réalise un livre complice et juste.
Mais mesurez alors ma chance lorsque Bénédicte Chaljub me fait l'honneur et la surprise de rédiger ce mois-ci un article sur mon livre Royan, l'image absolue dans la revue D'Architectures, D'A comme on dit !







Elle saisit parfaitement l'orientation du livre et ouvre l'article sur le champ de la représentation architecturale en développant la nécessité de revoir la carte postale comme un document important de l'histoire de l'architecture. Je vous laisse découvrir par vous-même cet article en allant chez votre marchand de journaux mais je vous donne un petit avant-goût. C'est une chance pour moi et je remercie vivement l'auteur de l'attention portée à mon travail. L'article est pris entre un entretien avec Jean-Louis Cohen et un article sur Sert. Comment être mieux placé ?
Et cette semaine également, un petit mais sympathique article de Luc Le Châtelier dans Télérama vient également s'ajouter aux critiques sur mon ouvrage. Ça fait plaisir.



Pour fêter cela, que diriez-vous de quelques cartes postales de Royan encore inédites sur ce blog ?
Car rien ne vaut l'espace ouvert d'une image photographique, rien ne vaut un objet populaire, rien ne vaut une carte postale envoyée et conservée pour dire l'amour d'une ville, la plus belle ville du monde.



Envoyée en 1956, le 7 août à 19h, pour être précis cette carte postale de la Poste de Royan fut donc postée à la Poste de... Royan. J'adore ça que l'image d'une architecture soit glissée dans l'architecture même. Et "Tout est si joli" et "Tout est si beau" disent les correspondants... nous pourrions ne rien ajouter. Nous dirons tout de même merci aux éditions Berjaud pour cette carte postale, nous dirons merci à la 4CV bien rangée et autres autos faisant tourner le manège du rond-point. Et si l'horloge de la Poste n'est pas encore sur son fronton, c'est que, voyez-vous, à Royan, le temps est toujours une image parfaite. L'architecte de cette merveille défigurée maintenant était Monsieur Ursault.



Point de vue moins commun, cette carte postale nous montre le square et le café des bains qui est maintenant un restaurant. Cette fois c'est l'éditeur Combier qui nous régale de cette carte postale qui saisit deux très beaux bâtiments se répondant parfaitement dans une modernité adoucie mais audacieuse. Le café des bains reste l'un des plus beaux objets architecturaux de Royan qui offre, dans son plan triangulaire, une parfaite articulation urbaine en rattrapant les niveaux de la ville. Admirez le contraste entre le premier niveau très haut et très transparent (une boîte de verre en fait) et le haut très dense qui propose sur la continuité de la façade une ligne plus serrée et encaissée. Superbe.



Comment ne pas être profondément touché par cette carte postale de Royan ?
Quel point de vue !
Nous sommes sur le port entre deux moments, celui de l'embarcation et celui du débarquement du bac. Et les camions se rangent alors que la ville comme un horizon moderne trace la ligne médiane du cliché que l'on doit encore à Berjaud pour Tito.
Et j'aime tout particulièrement que ces deux messieurs, appuyés sur le bastingage du bac semblent pourvoir marcher sur cette ligne et sur la ville. J'aime comment ils regardent Royan. D'un peu loin, ne sachant s'ils arrivent ou s'ils repartent...
J'aime toutes ces façades modernes, collection inouïe de modernités assemblées, de blancheur audacieuse qui me réjouissent encore, toujours.
J'aime prendre le bac dans ce sens, de la pointe de Grave vers Royan. Car j'aime voir ma ville arriver sur l'horizon, j'aime moins la voir disparaître.
Et tout objet, bateau ou carte postale, qui me permet de m'en rapprocher est une chance que je saisis.
Royan ! J'arrive !
Ne t'inquiète pas, je vais venir. Et par la route, par Médis, le pare-brise de la Twingo te fera apparaître et, comme à chaque fois, je me dirai que tu n'es pas une image, Royan, tu es l'image absolue.







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