mardi 26 mai 2015

Charlotte Perriand pour meubler Royan

Des cartes postales, il faut profiter de tout.
Ici, on aime regarder les bâtiments comme le mobilier qui l'habite et le pouvoir magique de l'agrandissement d'un scanner nous donne la possibilité de regarder aussi le design d'une époque par le menu détail. Nous avons ainsi depuis très longtemps utilisé la carte postale pour décrypter le mobilier de la Cité Radieuse ou encore récemment la présence du mobilier dans l'Hôtel du Trident Thyrsée ou de l'Hôtel Continental à Royan.
Alors continuons de vous donner envie de me suivre. J'aime bien qu'on me suive.
Retour à Royan donc ce matin.



Alors que je me promène dans une carte postale Cap de 1957 et que je jouis du soleil et de la belle architecture du Front de Mer pas encore saccagée par des ajouts immondes, je décide de prendre une menthe à l'eau sur la terrasse qui savait à l'époque nous donner déjà l'impression d'être à la plage. On pouvait aussi s'amuser alors des promenades automobiles et du jeu réjouissant des regards des promeneurs.
Je choisis donc de m'asseoir sur ces sièges de toile et de tube au dessin un peu particulier :







Et comme j'aime apprendre et pas seulement copier des images, je cultive des liens. Je fais immédiatement le rapprochement entre ces sièges et ceux dessinés par Charlotte Perriand en 1936 :
























Cette photo provient de ce site :
http://theredlist.com/wiki-2-18-393-1397-view-french-modernism-profile-perriand-charlotte-6.html





















Cette image provient de ce site : http://tods2tods.canalblog.com/archives/2006/01/28/1282375.html

La ressemblance est troublante.
J'avais vu ces sièges à l'exposition sur Charlotte Perriand et je m'étais amusé à les prendre pour des sièges de camping ! Or, il s'agit de la structure empilable de sièges édités par Thonet pour la maison économique de 1936 car, en fait, les sièges comportent bien deux coussins supplémentaires qui en changent radicalement l'approche !
Pourtant, avouez que la similitude est frappante. Il y a quelques autres détails qui permettent de déjouer le piège possible d'une identification par trop rapide : le tube des sièges de Charlotte Perriand se courbe en haut du dossier pour le saisir, la longueur de l'assise est bien plus longue sur les sièges de Charlotte Perriand et le mécanisme de pliage est bien différent. Mais comment ne pas faire naturellement le rapprochement ? Est-ce un hasard ou un fabricant en ces années cinquante s'est-il inspiré de ce dessin de la grande dame du Design ? C'est aussi ce que l'on appelle une atmosphère...



Mais il est temps de retourner à l'Hôtel Continental, hôtel dont nous avons vu le mobilier abandonné à la vente dans cet article :
http://archipostalecarte.blogspot.fr/2014/11/hotel-continental-hotel-des-ventes.html
Cette carte postale multiple ne fait aucun doute sur son objet, elle est une carte promotionnelle pour l'Hôtel Continental qui devait l'avoir à disposition pour sa clientèle. L'éditeur est pourtant parisien, c'est Arlix. Mais au-delà du plaisir de retrouver un lieu, là également, par le menu détail des minuscules petites vues, on peut saisir comment étaient meublés ces hôtels dans les années cinquante et vérifier si la modernité réussissait à y entrer...
Regardons. Merci le scanner !







On y reconnaît bien le style de l'époque avec les appliques Diabolo, le fameux portemanteau à boules multicolores ou les sièges à pied compas mais je ne suis pas assez fort pour mettre sur tout ce mobilier des noms de créateurs. On reconnaît aussi les tables et leur piétement en fil métallique et plateau Formica que nous avions déjà repérées dans le hall à l'abandon. Cela prouve en tout cas que cet hôtel a maintenu son mobilier à l'identique jusqu'au milieu des années 90 ! Mais la modernité y est tout de même très calme, peu ostentatoire et pas marquée par des icônes du Design comme Serge Mouille, Jean Prouvé ou Charlotte Perriand. Tout cela ressemble plus à du Mobilier de France ou aux meubles Lévitan des meubles pour longtemps. Comme quoi, comme pour le mobilier de la Cité Radieuse, la modernité passait bien plus par des objets modestes et un goût commun que par un jeu un rien appuyé parfois d'une époque que l'on aime à rêver trop à rebours. C'est cette modestie du Design qui pourtant me touche car c'est celle, s'éteignant, que j'ai fréquentée dans ma plus belle Ville du Monde.


On aimera le dessin du très beau fauteuil et on reconnaît les petites tables triangulaires.
Appliques bien typées et au fond de l'image le porte-manteau à boules de Roger Ferraud.




Dessus de lit que l'on imagine aux couleurs chatoyantes.



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