vendredi 28 août 2015

La meilleure série américaine : premier épisode, les cartes postales

Dans la série How I met your mother, Ted Mosby le héros principal qui est architecte, nous raconte que l'un de ses désirs les plus chers est de marquer la skyline de New York de l'une de ses créations. Cette ambition fut réussie par une équipe internationale d'architectes pour l'un des emblèmes de la ville de New York, le siège des Nations Unies.
Lorsqu'on demande à un groupe d'architectes de travailler ensemble sur un projet, on peut souvent s'attendre à avoir le moins bon de chacun d'eux avec le désir ensuite de ses protagonistes d'obtenir la paternité de la réalisation... La médiocrité nait souvent du consensus.
Mais, voyez-vous, étonnement, ce n'est pas le cas ici, même si bien sûr, Le Corbusier fut le premier à demander un peu plus de reconnaissance. Le siège de l'ONU est une réussite aussi certainement parce qu'il permet d'un coup de faire entrer la skyline dans le style international. C'est sans doute cela qui détermina sa richesse iconique et qui poussa les éditeurs, en plus du programme, à réaliser une quantité incroyable de cartes postales et de continuer d'en produire. Avec sans doute feu le World Trade Center, New york s'est reconnu par cette construction.
J'ai plus d'une vingtaine de cartes postales de ce siège des Nations Unies dans ma collection et je suis très loin d'avoir la totalité de ce qui a été produit. Je vous propose donc ce qui sera, par la quantité des cartes, l'un des plus longs articles de ce blog !
On notera que le bâtiment fut photographié selon presque tous les angles, de l'extérieur et de l'intérieur, de jour comme de nuit. La nuit ayant d'ailleurs été pour les éditeurs une vraie alliée. On trouvera dans les revues quelques compléments à cette série américaine. On notera également que dans cette série aucun éditeur ne prend le temps de nommer les architectes !
Faisons-le maintenant :
Directeur des plans : Wallace K. Harrison
Directeur des plans adjoint : Max Abramovitz
Architectes-conseils : G-A. Soilleux (Australie), Gaston Brunfaut (Belgique), Oscar Niemeyer (Brésil),
Ernest Cormier (Canada), Ssuch'eng Liang (Chine), Le Corbusier (France), Howard Robertson (Royaume-Uni), Sven Markellus (Suède), N-D. Bassov (U.R.S.S.), Julio Vilamajo (Uruguay).
Experts-conseils particuliers : Hugh Ferris (U.S.A), Vladimir Bodianski (France), John Antoniades (Grèce), Mattew Nowiki (Pologne), Josef Havlicek (Tchécoslovaquie), Peter Noskov (U.R.S.S.), Ernest Weissmann (Yougoslavie).
Ouf ! On notera la présence de Hugh Ferris...

Si dans le plan général, on peut tout à fait admettre que les idées de Le Corbusier sont majoritaires, il ne faut pas oublier l'influence certaine d'Oscar Neimeyer dans le dessin de la salle de l'Assemblée Générale. Nous dirons que par ce brassage d'architectes qui a fait que la France a eu l'idée magnifique de proposer pour la représenter de choisir un architecte franco... suisse, (ce qui s'accorde d'ailleurs avec l'idée même de nations unies), ce bâtiment est une forme de déclaration du style international. Pour la photographie, c'est évidemment la grande façade s'élevant sur l'horizon qui fait la figure de la construction. Par son échelle et sa proportion, un parallélépipède fin à la grille régulière, ce morceau prend le potentiel d'un signe. Il apparaît moins dogmatique que les pointes ahurissantes de ses compagnes venant enfoncer des aiguilles gigantesques dans le ciel américain. Sa neutralité symbolique, presque une froideur narrative permettent bien de ne donner aucune chance à une récupération nationaliste. Cela sert parfaitement le lieu et sa fonction et sur le sol américain il est déjà à lui seul une déclaration d'unité. On le rêverait sans doute plus efficient dans sa réalité politique...
Dans l'ensemble on ne remarque rien de très particulier dans les prises de vues de la construction. On oscille entre désir de fixer l'ONU dans son paysage urbain et le saisir plus serré dans le cadre pour mieux le définir. C'est là un dilemme fréquent d'autres objets architecturaux. J'aime tout particulièrement quelques cartes postales non pas tant pour l'audace artistique de leur cadrage que pour une douce charge sympbolique. J'aime tout particulièrement celle des éditions Manhattan Post Card Pub qui cadre au premier plan le très beau drapeau américain flottant flou. Sa fragilité agitée s'oppose à la fermeté du bâti. Par ce plan, il semble bien que le photographe replace l'orgueil de la Nation américaine au cœur de la question internationale des enjeux politiques, réaffirmant là le territoire de ce combat. Ce drapeau, quoique vous en pensiez, je le remercie.



Sur cette édition, on remarque le chantier sur la droite de l'image, édition Alfred Mainzer, datée de 1963, photo de Trans World Airlines :



Prises au fil de l'eau, voici d'abord l'édition  Alfred Mainzer, photo de A. Devaney puis l'édition Manhattan Post Card Pub, datée de 1964 :




















L'une des plus belles, des plus radicales, encore une édition Alfred Mainzer :

Une édition Alfred Mainzer avec oblitération dans le ciel :



Directement éditées par le bureau de l'information au public, une série de l'intérieur des Nations Unies :










Toujours une édition Alfred Mainzer mais curieusement imprimée en Espagne !
Au dos le correspondant précise avec humour : "Architect is the more difficult job in the world."

























Maintenant, la nuit va tomber, à moins que ce ne soit le jour qui se lève sur New York !
Par ordre d'apparition : édition Alfred Mainzer expédiée en 1980, édition Manhattan Post Card pub. expédiée en 1967 photo de la Free Lance Photographers Guild, édition Nester's Map, photo de la trans World Airlines. Pour finir un éditeur inconnu, la carte fut expédiée en 1977.



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