dimanche 19 mars 2017

Charlotte Perriand au Mans



Vous voulez lire une belle et vraie histoire ? L'une de celles qui se racontent entre aficionados du design et de l'architecture ?
Je commence :
Il y a quatre ans maintenant avec mes collègues enseignants aux Beaux-Arts du Mans nous avions décidé de faire travailler nos étudiants sur l'une des plus représentatives barres de logements collectifs de la ville et certainement aussi, de par sa proximité avec les Cités Radieuses, l'une des plus représentatives du Hard French en France : La barre dite Le Couteur dans le quartier Courboulay. Cette barre, je vous en ai déjà parlé. Je l'aime tout particulièrement.
Ayant reçu les autorisations du bailleur, nous avions pu faire une belle étude avec nos étudiants et des habitants nous avaient gentiment ouvert leurs portes. Là, avec mon collègue Miguel Mazeri, nous fûmes immédiatement surpris par des aménagements intérieurs très typés par la Modernité, reconnaissant ce style de poignée et de portes à glissières, dessin très proche de celui des Cités Radieuses.
Mais à ce moment-là, bêtement sans doute, ne pouvant imaginer la suite, nous restâmes sur une simple idée de proximité et je n'avançais pas plus le dossier. Entre-temps, je fis l'acquisition d'un lot de revues Techniques et Architecture et, dans l'une d'elles, je trouvais un article complet sur cette barre Le Couteur qui annonçait sa future construction. Déjà ma joie était au comble de voir ainsi maquette, plan et textes sur ma barre Le Couteur ! Mais soudain, mon sang ne fit qu'un tour ! Là, nommée dans les aménagements de la barre figurait le nom de Charlotte Perriand ! Oui ! Et sur les plans, on reconnaissait parfaitement son mobilier et ses aménagements.




 

 









 

Or, quasiment dans le même temps, je savais que les travaux de réhabilitation (on reparlera de ça....) seraient bientôt mis en route. Il fallait faire vite pour sauver cet héritage dont je savais qu'il finirait dans la benne, ignoré de tous. J'essayais vainement tout seul de prendre contact avec les responsables de ce chantier mais en vain. Une seule personne pouvait faire ce sauvetage, une seule pouvait avoir l'habitude, la patience et l'organisation : mon ami Clément Cividino.
Il fallait faire vite.
Enfin le démantèlement de cet héritage moderne, son sauvetage ont pu être organisés de main de maître. J'entends déjà les sirènes de la contestation et de la crainte.
Oui.
Démantèlement n'est pas un gros mot quand institutions et responsables s'organisent pour que ce qu'ils jugent obsolète puisse, par la valorisation du marché, être sauvé simplement de la destruction. Au Mans, on a l'habitude... L'auvent de la Sécurité Sociale dessiné par Jean Prouvé fut aussi sauvé de la casse par Patrick Seguin... On notera donc d'emblée qu'une Ville possédant sur son territoire l'héritage de la Modernité par deux de ses plus grands noms a su les laisser partir... Tant mieux pour nous amateurs, tant pis pour l'histoire locale. Alors, aujourd'hui que l'ensemble de ces aménagements a trouvé une nouvelle vocation, nous avons décidé qu'une partie de celui-ci serait visible par tous à Piacé dans le parcours d'art et d'architecture contemporaine. En effet, une partie de ces aménagements sera bientôt réutilisée dans le parcours d'architecture et de Design de l'Association Piacé-le-radieux Bézard-Le Corbusier. Charlotte Perriand retrouvera donc une belle proximité avec des panneaux de ses amis Jean Prouvé et Le Corbusier. Ces morceaux de vie et d'habitats collectifs resteront donc à disposition des amateurs, des étudiants, des passionnés. Il était important pour moi comme pour Clément Cividino et Nicolas Hérisson que cette histoire puisse être partagée par tous. Et ceux qui veulent contempler et vivre chez eux avec un beau morceau de cette Modernité pourront en faire l'acquisition auprès de la Galerie Clément Cividino. La valeur des choses c'est l'attention qu'on y porte. Entre la benne oublieuse et l'antiquaire de mobilier du Vingtième Siècle, j'ai choisi le deuxième. Clément Cividino est porté par la passion, le désir d'en vivre, le respect de ce mobilier et surtout par sa valorisation par des collectionneurs.





Cette histoire est aussi celle de chercheurs, d'amoureux qui passent des heures dans des vieux papiers, des archives, qui épluchent, visitent, reconnaissent le potentiel historique de ces architectures du Logement Social aujourd'hui réhabilitées pour rester poli.
Nous ferons bientôt un article sur cette transformation.
Voici les coordonnées de la Galerie Clément Cividino  :
https://www.clementcividino.com/charlotte-perriand

Je vous informerai dès que le mobilier sera valorisé à Piacé.
La photographie de Charlotte Perriand provient d'un documentaire datant de 1985 pour Antenne 2 et on la doit à F. De Lafosse pour Interpress. Je l'ai chinée récemment.
Je vous donne quelques images du chantier produites par Clément Cividino, merci de ne copier et diffuser aucune image ou document sans mon autorisation ou celle de la Galerie Clément Cividino.



 

2 commentaires:

  1. Je n'ai pas bien compris. Vous avez récupéré le mobilier Charlotte Perriand, et une partie sera exposé à la galerie Piacé. Mais le reste, que devient-il ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. "Et ceux qui veulent contempler et vivre chez eux avec un beau morceau de cette Modernité pourront en faire l'acquisition auprès de la Galerie Clément Cividino." c'est plus clair ?

      Supprimer