samedi 3 février 2018

Royan, il sera reconstruit.

Le collectionneur de cartes postales est souvent penché sur ses cartes, loupe à la main, cherchant dans les replis des ombres, les détails qui lui feront pénétrer l'image.
Il n'est finalement jamais satisfait, ou, plus certainement, l'est toujours moins que le regardeur habituel qui passe rapidement sur la surface du carton, ne saisissant pas la chance, ici d'un bord de trottoir, là d'une affichette donnant une date ou encore d'un enfant jouant derrière une fenêtre. Il lui faut tout voir, dans un appétit décidé.
C'est pareil pour moi.
Ajoutez que les éditeurs de cartes postales, voulant satisfaire tout le monde, tentant des niches commerciales, ont multiplié les points de vue, décalant parfois de peu leur appareils photographiques pour donner à chaque acheteur l'image idéale qu'il veut envoyer à Mémé.
Et rapidement on se retrouve avec ce genre de chose :



Cette carte postale de Royan nous montre le portique qui n'existe plus suite à sa destruction stupide orchestrée pour, soi-disant, ouvrir la ville sur la mer. Preuve évidente et cas d'école d'une mairie n'ayant rien compris à la richesse de son architecture, n'ayant rien saisi de la justesse du plan d'urbanisme, bref, mairie ayant cédé aux fausses sirènes d'un renouvellement urbain passant forcément par la destruction sans analyse. Ici, la valeur d'usage étant bafouée par la valeur d'image. Ne soyons pas trop tristes, le portique va être reconstruit. Cela est une obligation morale.
J'étais donc déjà heureux ici, grâce à l'éditeur Cap de pouvoir le retrouver, de le revoir surtout à une époque où il était tout neuf, la place n'étant pas encore pavée. On voit presque le sable de la mer venir sous les pneus des automobiles.



D'ailleurs les automobiles vont m'aider à comprendre une séquence photographique. Si nous regardons le détail en haut à droite de la carte postale on voit une 4cv Renault garée le long de la rue et sur le parking une Traction Citroën. Maintenant, si nous sommes attentifs à la seconde carte postale, celle qui se rapproche de l'Hôtel de France, on retrouve bien les deux mêmes véhicules garés au même endroit. On devine aussi la même Panhard.





Il ne fait aucun doute qu'il s'agit de la même campagne photographique et que les deux photographies furent prises dans un intervalle très court puisque les autos n'ont pas bougé. Par contre, impossible de savoir dans quel ordre. Il va de soi que celle de l'Hôtel de France est orientée pour la clientèle de cet hôtel, donnant l'occasion au voyageur de montrer son lieu de villégiature. On notera aussi que l'éditeur Cap nous informe que son architecte est bien Monsieur Claude Ferret. C'est gentil et utile pour nous amateurs d'architecture. On pourra d'ailleurs en regarder le très subtil et délicat jeu de sa façade, comment il prend le portique sur son angle et comment également, jouant le toit plat en façade maritime, il arbore un toit tuilé en pente sur le côté ville. On notera la parfaite transparence du portique qui ne méritait pas son triste sort.
Il sera reconstruit.

Pour ceux qui ne le sauraiENt pas encore, mon ouvrage sur Royan et les cartes postales est toujours disponible, achetez-le chez un libraire indépendant :
http://www.lefestin.net/royan-limage-absolue-cartes-postales-de-la-ville-moderne





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